En guise de réflexion
Que restera-t-il de Charlevoix?
Texte tiré de Le Menaud, Bulletin de la Société d’histoire de Charlevoix et du Centre de recherche sur l’histoire et le patrimoine de Charlevoix Janvier-Février 2013 | Numéro 17 |
Alors que la campagne de Tourisme Charlevoix à la télévision nous offre un Mexicain (mais pour- quoi donc?) invitant les visiteurs dans Charlevoix et que les nouveaux règlements de l’assurance-emploi vont inciter les travailleurs d’ici à quitter la région, une question se pose : que restera-t-il bientôt de notre culture charlevoisienne et aussi des habitants de cette région?
Les nouveaux projets d’un entrepreneur venu d’ailleurs inquiètent aussi. Il en demeure une impression nette de la fin de quelque chose, de la fin du Charlevoix d’antan désormais effacé, oublié. Nos élus municipaux auront beau dire que ces projets de Club Med et autres sont bons pour la région, je crois qu’ils n’en sont pas convaincus eux-mêmes. En fait, vouloir créer 350 emplois alors que la main-d’œuvre de la région ne peut les occuper et que l’on fait déjà venir des Mexicains afin de combler la difficulté de recruter pour occuper des emplois touristiques, est-ce vraiment un bon développement? Non! Par ailleurs, on a l’impression en ce début d’année 2013 que ce projet de Club Med a déjà du plomb dans l’aile. Encore de la poudre aux yeux?
Un bon développement économique pour Charlevoix cela aurait été quelque chose comme des emplois en moins grand nombre peut-être mais tenant compte de notre milieu. Des emplois rattachés à notre fleuve, à notre sol, à nos forêts, à nos organismes communautaires et culturels tout simplement. Or, c’est précisément ces emplois que la réforme de l’assurance-emploi menace, bien plus encore que la seule main d’œuvre touristique déjà comblée en partie par des gens venus d’ailleurs.
Pauvre région ressource que Charlevoix? Peut-être, mais la modestie c’est aussi notre histoire et pourquoi ne pas en être fiers? Et puis des emplois saisonniers ce sont de véritables emplois et notre région en a terriblement besoin. Pire encore le tourisme international recherché par quelques-uns, invite à éluder ce que nous sommes, à ne plus nous reconnaître. Il fait de Charlevoix un lieu indistinct ou presque qui finira bien par lasser la clientèle touristique dans le jeu terrible de l’offre et de la demande. Alors il restera quoi? Nous n’y serons plus. Il n’y aura plus rien nous ressemblant qui sera garant de notre héritage. Et puis la population traditionnelle de Charlevoix issue de 350 ans d’histoire sera ailleurs mais pour occuper quels emplois au juste?
Un vieux prêtre historien de Baie-Saint-Paul disait : « il faudrait que Baie-Saint-Paul disparaisse et qu’on remplace sa population par des gens venus d’ailleurs! ». Il ne le pensait pas vraiment. Il était fâché contre le conservatisme de certains résidents de cette localité. Est-ce que la réforme de l’assurance-emploi et les projets grandioses de notre grand entrepreneur vont parvenir à réaliser ce sombre pronostic? Dieu nous en préserve encore. Mais Dieu y peut-il quelque chose quand même les Petites Franciscaines de Marie semblent prêtes à se délester de leur héritage social ancien au profit du nouveau maître et sûrement pas dans l’esprit de leur patron François d’Assise dont il reste quoi au fond dans ces tristes jeux de coulisses? Aurons-nous enfin le courage de stopper notre propre disparition?
Alors, il reste sans doute la Société d’histoire de Charlevoix, notre Revue, nos publications. Elles parlent encore du Charlevoix qui nous tient à coeur. À l’aube de ses trente ans notre organisme poursuit sa mission. Dans l’interpellation aussi. Pour faire vivre encore le rêve d’un Charlevoix qui nous appartenait et dont nous étions les héritiers.
Attention : Nous invitons tous nos membres et amis à participer à la grande manifestation contre la réforme de l’assurance-emploi le 4 février 2013 à La Malbaie. Il y va de l’avenir de notre région.