« Le sang des blessures coagulé dessine sur le sol des taches sombres et répugnantes. Tout en les brossant, je pense à l’identité des hommes : même sang rouge irriguant les mêmes organes. Ces organes, situés aux mêmes endroits, remplissent les mêmes fonctions. Les mêmes remèdes soignent les mêmes maux sous tous les cieux, que l’individu soit noir ou blanc : tout unit les hommes. Alors, pourquoi s’entretuent-ils dans des batailles ignobles pour des causes futiles en regard des massacres de vies humaines ? Que de guerres dévastatrices ! Et pourtant, l’homme se prend pour une créature supérieure. A quoi lui sert son intelligence ? Son intelligence enfante aussi bien le beau que le mal, plus souvent le mal que le bien.»
Mariama Bâ (1929-1981), Une si longue lettre (première publication : 1979); © 1979 Les Nouvelles Éditions Africaines du Sénégal; © 2001 Le Serpent à Plumes; © Groupe Privat/Le Rocher, 2005, p.147.